Centre Hospitalier et Théâtre de Bligny (Essonne) – 1903-2023

Journées Européennes du Patrimoine 2023

Centre Hospitalier et Théâtre de Bligny (Essonne) – 1903-2023

Michel Malherbe
Ecrivain & historien

120 ans de vie intense, novatrice et généreuse

Les 16 et 17 septembre, furent des journées inoubliables au plan culturel. A l’occasion des 120 ans de cet établissement de santé, dont la réputation d’excellence n’est plus à faire, le public était convié à fêter l’événement et ce fut vraiment grandiose… Organisée conjointement par le Centre Hospitalier et le réputé Théâtre de Bligny, partenaires indissociables depuis la Belle-Epoque, cette manifestation culturelle a rencontré un vif succès auprès des nombreux visiteurs. Il convient de reconnaître que le comité d’organisation avait mis les petits plats dans les grands. Le point de départ de la visite guidée était une émouvante exposition ayant pour thème « Les gens de Bligny », un voyage dans le temps réalisé au moyen de nombreuses et rares photographies remontant à la création du Sanatorium de Bligny en 1903, car tel était alors son appellation. Cette exposition se déroulait dans l’enceinte même du Théâtre de Bligny (Compagnie Théâtrale de la Cité). Ensuite le public était convié à poursuivre – si tel était son souhait – la visite de l’exposition mais en plein air cette fois, au milieu de l’immense parc centenaire du Centre Hospitalier (parc de la colline de Bligny) avec ses bois, son lac, et ses kiosques. Cette fois, les photographies d’époque (reproductions) étaient montées sur des panneaux  légèrement translucides en totale harmonie avec le panorama végétal ambiant. Le maître d’œuvre de cette exposition : Patrick Bard, est écrivain, poète et photographe. Il est à l’origine des photographies originales, des assemblages et traitement d’images, ainsi que de certaines colorisations manuelles, à l’ancienne, ainsi que des nombreux poèmes qui ont accompagné chaque étape de cette merveilleuse visite. Du bien bel ouvrage ! Cerise sur le gâteau, une visite du parc au moyen d’un petit train personnellement piloté par M. Christian Schoettl, maire de la commune de Janvry. Durant ces deux journées, la présence effective et continue de M. Jean-Louis Di Tommaso, directeur du Centre Hospitalier, a eu la charge de répondre efficacement à toutes les interrogations du public. Enfin, dans le cadre de la Mission Patrimoine 2023, le public francilien avait la possibilité de se prononcer (par votation) en faveur d’un projet de restauration des kiosques du parc. Projet essentiel dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine local, mais relativement onéreux et difficilement gérable sur la seule ligne budgétaire de l’hôpital…

Ce cher passé…

La terre et le château de Bligny, propriété des moines de l’Abbaye de Saint-Denis en l’an de grâce 758, seront jusqu’au règne de François 1er, un fief de la seigneurie de Briis, lequel fief sera anobli en 1524. C’est sur ces mêmes terres que sera établi quelques siècles plus tard, le Sanatorium de Bligny. En effet, sur ce même domaine sera édifié un Sanatorium qui ouvrira ses portes en août 1903 sous l’égide d’une association loi de 1901 intitulée : « Œuvre des sanatoriums populaires de Paris ». Le Sanatorium de Bligny venait de voir le jour… Situé idéalement sur les confins de la vallée de Chevreuse, le domaine de Bligny, et ses quatre-vingt cinq hectares de terrains boisés, constituait alors un cadre idéal pour accueillir un établissement de ce type.

Chaque pavillon disposait de sa propre indépendance, limitant ainsi les risques de promiscuité entre les malades des deux sexes. Car, le sanatorium de Bligny était un établissement mixte. Le docteur Louis Guinard, l’un des médecins fondateurs, estimait alors que pour conserver une bonne tenue, l’effectif d’un bâtiment ne devait pas dépasser le seuil de 120 malades. Pour mémoire, la tuberculose était alors l’un des fléaux de l’époque. Une maladie très contagieuse et mortelle. Elle sera responsable, vers 1900, d’environ 150.000 victimes, dont 12000 pour la seule ville de Paris. Une raison à cela : la révolution industrielle avait généré un exode rural massif. Une population ouvrière très importante en nombre, laquelle vivait bien souvent misérablement, dans des logements étroits et insalubres, des taudis mal aérés. Ajoutons à cela des conditions d’hygiène déplorables et nous aurons tous les ingrédients propices aux maladies infectieuses.  Le docteur Louis Guinard, qui sera le premier médecin-directeur des Sanatoriums de Bligny, avait sa propre conception du système de fonctionnement de ce type d’établissement :

« Pour que la cure hygiéno-diététique soit complète, il faut qu’elle soit appliquée sous une direction médicale expérimentées et ferme. Il faut des bâtiments bien adaptés, situés en pleine campagne, dans une ambiance calme, agréable et disciplinée. Il faut que les malades puissent trouver le régime alimentaire qui leur convient, les distractions et tout le réconfort moral dont ils ont besoin… »

Il avait parfaitement assimilé le problème. D’autant que vers 1900, la majorité des Sanatoriums existants (trop peu nombreux, face au danger que représentait la tuberculose) n’était, en fait, que des mouroirs ! Exception faite de certains établissements suisses réservés à une population aisée… A Bligny, c’était bien autre chose. L’alimentation était riche et variée, les bâtiments spacieux et bien aérés et les distractions étaient au programme. Le merveilleux Théâtre de Bligny, également connu sous le vocable de Compagnie Théâtrale de la Cité, construit dans le même temps que les bâtiments primitifs, demeure un magnifique témoin de cette époque. De nos jours, il est labellisé Culture et Santé en Ile-de-France, et la ligne directrice de ce Théâtre est de promouvoir la culture pour que tout un chacun y puise sa force. C’est  aussi un formidable outil pédagogique animé par une troupe talentueuse !

Bligny et la Grande Guerre

Chose moins connue du public lambda, durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) et même après l’Armistice,  Bligny sera en charge d’un grand nombre de soldats français provenant du front. Des hommes dont les poumons étaient en partie rongés par le gaz de combat. Ce fait explique que le carré militaire du cimetière communal de Briis-sous-Forges comporte un très grand nombre de sépultures de soldats français, décédés bien après la fin de la guerre (1923 pour certains défunts), des suites d’une exposition aux gaz de combat sur différents champs de bataille…

Le Centre Hospitalier en l’an de grâce 2023.

De nos jours, le Centre Hospitalier de Bligny est actif dans plusieurs branches spécialisées de la médecine moderne. Doté d’un personnel qualifié et admirablement formé, il comporte plusieurs secteurs clés : Médecine générale, Cardiologie, Diabétologie, Onco-Hématologie, Pneumologie, etc.

Plusieurs plateaux techniques, dont une unité de radiographie et scanner, en assurent l’appui logistique. Bien entendu la fonction initiale, celle de Sanatorium, a été conservée.  Comme au temps du docteur Louis Guinard, « la guérison par l’activité » est au programme. Bligny est désormais une Maison Sport Santé. Elle comporte notamment des programmes de rééducation cardiologique se déroulant sous la surveillance active et constante de médecins cardiologues et personnel spécialisé dans le secteur de la médecine sportive. Une reconnaissance bien méritée pour un établissement pionnier en la matière et qui n’a jamais cessé de s’investir dans cette discipline…

  • Sources bibliographiques : Wikipédia & Bligny et son histoire.
  • Crédits photographiques : Théâtre de Bligny et Association du Centre Hospitalier de Bligny (avec autorisation de reproduction) et Michel Malherbe pour les clichés actuels.