La Galerie d’Eve –Art78. Exposition artistique virtuelle des artistes du Sud-Yvelines et limitrophes. FOCUS sur l’Artiste Helga HAIDRAGA.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en Europe,  les artistes visuels tentent  de préserver leur activité. Malgré l’absence de perspectives, leur inspiration ne s’est pas tarie.

Suite à l’ouverture de la Galerie d’Eve -ART78  le 12 juin 2021, avec son exposition artistique 100% virtuelle lancée en soutient aux artistes locaux du Sud-Yvelines et communes limitrophes mais aussi sponsorisés et soutenues par des commerces et entreprises locales, nous vous présenterons les 19 artistes présents. (1 jour / 1 artiste).

Aujourd’hui nous vous présentons Olga GAIDRAGA, de son nom d’artiste (Helga HAIDRAGA), qui crée des peintures à la fois vivantes et envoutantes, nous transportant alors dans son univers empli d’émotion.

Elle a accepté de répondre à nos questions, nous dévoilant ainsi les coulisses de ses œuvres, ses inspirations, ou encore son processus de création spécialement pour les Balades Rambolitaines.

Si l’art figuratif vous séduit, la sensibilité de ses œuvres ne manquera pas de vous faire vibrer. Pour tout renseignement, vous pouvez contacter directement l’artiste à cette adresse mail : latelierdehelga@gmail.com.

Présentez-vous, dites-nous ce que vous faites dans la vie. Expliquez-nous vore parcours, comment vous est venue l’envie de peindre ? Avez-vous fait une école d’Art ?

Née en Moldavie, je suis passionnée depuis mon plus jeune âge par l’art dans toutes ses expressions. Etudiante en Langues Etrangères appliquées, je me suis inscrite en parallèle (et en cachette de mes parents) aux Beaux-Arts où j’ai fini diplômée en Chorégraphie et lauréate de concours nationaux et internationaux d’écriture et de chant.

La vie d’adulte m’ayant rattrapée, j’ai dû mettre mes aspirations artistiques de côté pour une carrière professionnelle plus « classique ». Mon déclic à moi s’est produit il y a 4 ans environ, lorsque ma fille qui s’adonnait à des illustrations de mangas m’a un jour demandé si je ne voulais pas essayer de me remettre au dessin. Je me suis inscrite dans une association près de chez moi où j’ai passé de très bons moments, entourée de gens passionnés, me motivant à aller plus loin dans cette direction, dévorant les ouvrages traitant du sujet.

Je me souviens de mon premier livre « Dessiner grâce au cerveau droit » de Betty Edwards qui m’a permis de revisiter ma façon d’observer et développer mes capacités de perception. Je pratiquais presque quotidiennement et, ce faisant, une inclination naturelle à l’intériorité du portrait s’est peu à peu imposée à moi. Mettre sur papier, par le crayon ou la peinture, un état d’âme, un état d’être est tout à la fois audacieux et fascinant. Tous mon temps libre a été désormais consacré à cette passion. Mon école, c’était la bibliothèque municipale, la librairie du coin tout autant que les blogs d’artistes ! J’y ai découvert un virtuose du dessin, Steve Huston, dont le sujet de prédilection est le corps humain et qui présente un véritable don pour la transmission des connaissances.

D’autres Américains ont rapidement suivi avec un coup de cœur pour César Santos, un portraitiste cubano-américain contemporain exceptionnel ! J’ai ainsi progressé en autodidacte pendant 2 ou 3 ans, apprenant énormément dans la réalisation de copies de maîtres jusqu’à l’année dernière où j’ai décidé tout laisser tomber pour revenir à mes premières amours et avancer dans ma quête artistique.

Cette dernière année j’ai suivi une formation professionnelle de “Copies et Techniques anciennes” à l’Atelier du Temps Passé, École de Restaurateurs-Conservateurs de tableaux à Paris, pris des cours de dessin académique aux Beaux-Arts de Paris et été auditeur en histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre. Et aujourd’hui j’ai l’opportunité de participer à ma première exposition. 😊

Qu’est-ce qui vous attire dans la peinture ? Pourquoi créez-vous ? 

La liste serait infinie je crois ! Mais entre autres : La peinture nécessite d’aligner œil, cœur et conscience… Un sacré défi !

Elle est imprévisible, mystérieuse, on est obligée d’être sincère, on ne peut pas tricher avec ses émotions. C’est une expérience directe qui porte en elle les traces de tes sensations, émotions et pensées. Elle réclame une intensité d’observation, d’attention et de présence absolue. Lorsque je referme la porte de mon atelier, mes proches savent que je suis tout autant absente que si j’avais subitement disparue pour une lointaine île déserte…. Sans savoir quand je reviendrais.

Ce qui est étonnant, c’est qu’à côté de cette exigence de présence la peinture s’avère tout autant naturelle, spontanée, intuitive, simple et tellement accessible, même si on ne nous l’apprend pas assez au cours de notre vie. Or, observer, dessiner et peindre sont des compétences toutes aussi essentielles que peuvent l’être la lecture ou l’écriture à mes yeux. Et si je devais trouver une dernière raison, je dirais que la vision du monde qui nous entoure dépend beaucoup d’où se porte notre attention.

Pour moi, ces derniers temps, c’est vers la beauté et le partage, d’où peut-être aussi ma participation à cette exposition.

Quel est votre style ? Quelle peinture utilisez-vous ?

J’ai fait mes premières expériences au graphite, que j’adore toujours, même si la curiosité m’a poussé à expérimenter un peu tout : fusain, pastel, aquarelle, acrylique, tempéra, huile. Et c’est finalement l’huile qui m’a conquise. Je trouve cette matière intense, sophistiquée, chatoyante et sensuelle.

J’ai découvert une diversité de techniques et de styles, anciens et modernes, et une véritable passion pour le figuratif et en particulier le portrait ; voir le pinceau donner vie à l’être, à ses sentiments pour finalement croiser un regard habité… C’est presque perturbant.

Quant au style, c’est du réalisme, en combinant souvent les techniques. Par exemple, un de mes derniers portraits est une réalisation hyperréaliste alla prima en huile sur bois, utilisant des touches qui rappellent le tratteggio, un procédé pictural très ancien. Je l’ai découvert en réalisant la copie en tempéra à l’œuf  d’un fragment de la Maestà du maître gothique siennois Duccio di Buoninsegna, une œuvre emblématique du XIVe siècle italien.

Les couleurs et leurs rehauts se posent dans cette technique par des lignes plus ou moins longues et rapprochées. Le résultat rappelle un peu la gravure. Ces lignes, visibles de près, disparaissent comme par magie avec un peu de recul lorsque l’œil  recompose un ensemble parfaitement intégré.

Quelle(s) œuvre(s) avez-vous présenter au cours de l’exposition virtuelle « La Galerie d’Eve » ? Parlez-nous d’elles.

Les deux œuvres choisies pour l’exposition sont parmi les premiers portraits à l’huile que j’ai réalisés en 2019. J’ai commencé mon apprentissage en faisant des études et des copies de maîtres. La Dame à l’Hermine de Léonard de Vinci est ma préférée.

Quant au 2e portrait il s’inspire des principes de la peinture des primitifs flamand mais représente une femme moderne. J’ai toujours été sous le charme de leur style de peinture. Si artistiquement je pouvais choisir où et quand vivre ma vie, ce serait certainement dans une des villes florissantes de Flandres aux XVᵉ – XVIᵉ siècles.

Comment avez-vous fait ces oeuvres ?

La copie de La Dame à l’Hermine de Léonard de Vinci m’a permis d’expérimenter les techniques anciennes de la Renaissance, le chiaroscuro et le sfumato. Y aller par étapes m’a demandé un trésor de patience, ce qui est loin d’être ma qualité principale pour qui me connait, mais imaginer être dans la peau du grand maître de la Renaissance était… une expérience véritablement enthousiasmante !

Pour le portrait flamand, j’ai utilisé la technique des primitifs flamands (verdaccio et le glacis flamand). Je suis tombée complètement sous son charme. Sa modernité et son élégance raffinée m’émerveillent.

Combien de temps cela vous a pris pour réaliser ces œuvres ?

Environ 200 heures pour la première et peut-être une centaine d’heures pour la seconde… L’expérience venant, c’est plus fluide, mais ces techniques demandent généralement énormément de temps.

Il faut beaucoup expérimenter avec les couleurs tout en conservant la transparence et la profondeur, la technique demande également des touches de pinceau incroyablement précises et légères, sans parler d’un long temps de séchage entre chaque couche de glacis (pour la Dame à l’Hermine, par exemple, il faut compter pas moins d’une vingtaine de couches de glacis superposées d’une extrême finesse).

Ce style de peinture nécessite un rendu réaliste et d’une vivacité saisissante, qui prend beaucoup de temps pour rendre la représentation aussi fidèle que possible. Les médecins d’aujourd’hui font des diagnostics de maladies précis des personnages peints à l’époque en analysant les peintures anciennes.

Qu’avez-vous voulu représenter ?  (pour chacune des œuvres présentées à l’exposition virtuelle)

J’aurais peut-être pu mettre en avant une réalisation plus moderne et tendance que le portrait mais, à une époque où l’on pourrait penser que « capturer » l’essence d’une personne à travers la peinture est révolu, mon choix s’est effectué sous la forme d’un petit clin d’œil, pour dire que non, le portrait ne peut pas « mourir ».

C’est d’autant plus vrai si on observe son évolution depuis la Renaissance. C’est un long débat mais peindre le portrait de quelqu’un c’est bien plus que de capturer une infinité de détails, c’est raconter son histoire, son intériorité. Son âme ?

Quelle sont vos sources d’inspiration ?

Mon inspiration  est éclectique, de l’effet de bijouterie dans les petites peintures de Petrus Christus aux couleurs inimitables de Vermeer, en passant par la science de Leonard de Vinci,  la sensibilité du fusain maitrisé de Zimou Tan, les ambiances de Luca Indraccolo, l’esthétique de Zin Lim, son ressenti, son mouvement…

J’aime aussi beaucoup les violets et les gris colorés de James Lloyd… Difficile de faire un choix ! Je me nourris des musées et des galeries  et, depuis qu’on  ne peut plus beaucoup sortir, des archives des anciennes expositions de BP Portrait Award, le plus prestigieux concours de peinture de portraits au monde. J’ai remarqué que ce sont autant les personnes qui m’inspirent que leur œuvre.

Des personnes que je rencontre et qui me charment par la sensibilité qui s’en dégage et l’intériorité qu’il parviennent à  insuffler dans leurs créations. Un endroit que j’affectionne tout particulièrement, la Galerie Bartoux, à Honfleur ; j’ai pu y découvrir les immenses portraits d’une artiste italienne, Roberta Coni. Elle est magique. Des visages féminins aux regards tellement forts et déterminés émergeant de l’ombre…

Je crois qu’elle devait avoir 15 ou à 16 ans, lorsqu’elle a dû affronter une maladie difficile. Elle peint comme si le temps lui était toujours compté, comme si elle nous invitait à reconsidérer le futur. Lorsque je me tiens devant une de ses toiles, j’ai l’impression que son réalisme me poignarde. Elle mélange la technique classique de la peinture à l’huile avec de la pâte lourde de bitume et de cire fondue. Le rendu devient encore plus impressionnant avec le temps.

Quelle est votre couleur préférée ?

C’est drôle, dans la vie de tous les jours j’adore le vert, les terres et les ocres, mais dans mon atelier la tendance est tout autre. Quand le matériel se fait envahissant et  que tous mes tubes de peinture et mes pots de pigments reprennent leur place, je m’aperçois que la moitié des couleurs utilisées sont des nuances de bleu.

Quel est votre vrai travail dans la vie ?

C’est quoi un vrai travail ? 😊 La vie m’a parfois fait emprunter des chemins surprenants. J’ai enseigné à  l’université et travaillé pendant plus de 10 ans en tant que directrice commerciale dans le pays où je suis née, la Moldavie. Je suis arrivée en France en 2014 où j’ai exercé dans la formation, l’interprétariat pour les institutions régionales et européennes puis enfin cadre dans deux jolies entreprises parisiennes. L’année que nous avons traversé m’a permis de repenser à la direction que je souhaitais donner à ma vie. Aujourd’hui je suis en pleine reconversion, mais dans des domaines qui me sont chers :  l’art, bien sûr ! (L’évolution des techniques de peinture à travers les siècles et l’histoire de l’art) mais également une formation professionnelle pour devenir instructeur MBSR (Un protocole structuré reposant sur le mindfulness (la pleine conscience) et la méditation pour diminuer l’impact du stress et de la douleur, par exemple lors de maladies chroniques ou d’épisodes de vie difficiles).

Mon projet est d’ailleurs d’organiser des stages de peinture et de MBSR, peut-être même de relier les deux dès l’an prochain. Je suis également en train d’avancer dans mes projets artistiques.

Pourquoi avoir rejoint la Galerie d’Eve et son exposition virtuelle ?

Il y a un an, on m’a demandé pourquoi je ne participais pas aux expositions. Sur le coup, j’avais répondu que jusque-là, je peignais pour moi, pas pour les autres. En rentrant chez moi, la question m’a fait réfléchir. Est-ce que j’étais légitime ? Qu’est-ce que je pouvais, moi, apporter de plus à la peinture pour m’exposer aux yeux des autres ? C’est presqu’autant prétentieux qu’intimidant vu comme ça.

J’ai compris que ma principale légitimité, c’était mon regard, mon regard sur le monde et que plutôt que de me demander ce que je pouvais apporter à cet art, la question était plutôt de ce que je pouvais partager à travers lui. Et puis récemment, une amie m’a invité à rejoindre un forum ablisien. Ce n’est pas quelque chose que je fais d’habitude, mais j’ai accepté. Le lendemain, Eve Cohen Solal a posté un message afin de recenser les artistes d’arts visuels professionnels ou amateurs des Yvelines.

Elle a eu cette merveilleuse idée d’organiser cette exposition virtuelle afin de soutenir les artistes dans le contexte actuel. Je me suis dit que ce serait l’occasion de découvrir le travail d’autres artistes de la région et, pourquoi pas, de faire connaissance avec des gens qui apprécieraient mon travail.

Alors me voici ! Et j’ai déjà pu découvrir un groupe formidable de personnes ouvertes, courageuses, créatives et… très multitâches 😊

J’en profite d’ailleurs pour les remercier du fond du cœur pour cette belle collaboration. C’est un vrai plaisir et une grande chance.

Seriez-vous prêt à renouveler l’expérience ?

OUIII ! Et peut-être même une exposition présentielle ? Après ces mois de pandémie et d’isolement collectif, un peu de partage et de chaleur autour d’une toile nous ferait le plus grand bien, je crois.

LE  MOT DE LA FIN de l’Artiste Helga HAIDRAGA.

J’espère vous apprécierez ce que vous verrez et peut-être même que ça vous donnera l’envie de sauter le pas, d’acheter une boite de pastel ou quelques tubes de pigments, allez savoir !

L’exposition sera ouverte pendant un an, profitez-en. Profitons-en. C’est  tellement important de développer des relations d’amitié autour de cet art.

Ablis (78)

Copyright photo: Olga GAIDRAGA

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